17 février 2014 – Les Echos. Page 35
LA CHRONIQUE de Éléna Fourès,
Votre patron semble imprévisible, tantôt chaleureux et proche, tantôt distant et froid. L’oscillation de son humeur, façon courant alternatif, provoque chez vous un sentiment d’insécurité. Comment fonctionner avec un tel patron sans perdre le nord ? L’amplitude des oscillations est telle que vous vous demandez s’il est « bipolaire », s’il décharge sur vous ses propres pressions ou encore s’il vous teste sur votre résistance.
Première évidence : Le côté aléatoire de ses humeurs le rend complètement imprévisible et vous empêche de mettre votre interaction en « pilotage automatique ».
C’est un grand confort pour les subordonnés que des supérieurs prévisibles, car ils deviennent de ce fait facilement manipulables, un peu comme les parents le sont par leurs enfants qui les connaissent de A à Z. Dans ce cas, la question se pose : qui manage qui ? Les parents gèrent les enfants ou l’inverse ? Ainsi dans certains pays, les parents s’obligent à « changer d’algorithme » en faisant des choses inattendues, par exemple dire « non » quand les enfants s’attendent à ce qu’ils disent « oui ». Cette expérience de rupture stimule les enfants à garder une certaine vigilance dans l’interaction et à ne pas « s’y endormir ». Ils sortent alors de leur « zone de confort » et se rendent compte que rien n’est jamais acquis. Ainsi les parents reprennent « le pouvoir » pour empêcher les enfants d’être en « pilotage automatique » dans leur relation.
Deuxième évidence : Vous dites ne pas savoir « sur quel pied danser avec lui ». Si son but, c’est de mener la danse, soyez malin/maligne, laisser le faire. Il vous faudra « piloter » votre boss en mode « manuel », ce qui demande une vigilance de tous les instants et une extrême souplesse. Cette dernière est décisive : selon la loi de la « variété requise » en cybernétique, c’est l’élément le plus souple qui contrôle le système.