8 avril 2013 – Les Echos. Page 39.
LA CHRONIQUE de Éléna Fourès,
Ceux qui, comme le général de Gaulle, proclament « Le difficile n’est pas de sortir de l’X, mais de sortir de l’ordinaire », ne sont guère entendus. Dans l’Hexagone, le « bon » diplôme signe votre appartenance à une « caste d’élus », valide votre légitimité et vous octroie le statut de quasi« seigneur ».
Les conséquences de la « diplomite » sont doubles : d’abord, les dirigeants ont une tendance naturelle à recruter dans leurs propres écoles et à s’entourer de leurs « camarades » ce qui empêche la diversité et crée des « angles morts » de vision stratégique et des biais décisionnels, préjudiciables à la bonne marche de l’entreprise. Privée de ce fait d’autres talents, elle risque que le niveau de créativité et d’innovation baisse.
Ensuite, les personnes qui sont, comme vous, avec moins de diplômes, développent un sentiment de manque de légitimité et se font mettre à l’écart, tant « le virus mental » collectif de la « diplomite » est puissant et affecte l’ensemble des acteurs. Il vous faut d’urgence « nettoyer » votre « software » mental pour vous concentrer sur votre légitimité et l’affirmer.
Certes, vous avez moins de diplômes, que vos pairs. Mais si vous vous retrouvez à leur côté, c’est bien que vos qualités pèsent plus que ce détail de votre parcours. Steve Jobs n’avait pas de diplômes, il a quitté l’université pour créer Apple. Sa vision, son courage, ses qualités de leader l’ont toujours emporté sur ce point. Pensez à ces quinquas français qui mentionnent sur leur carte de visite le nom de l’école dont ils sont issus… Sachez que les Américains, stupéfaits, trouvent cette attitude pathétique car, ils s’attendent plutôt à ce que la personne mette en avant ses réalisations (« achievements ») plutôt que son diplôme d’il y a 30 ans! Faites faire l’inventaire de vos qualités et entreprenez d’urgence un self-marketing pour recadrer votre image auprès de vos paires.