2 décembre 2013 – Les Echos. Page 43.
LA CHRONIQUE de Éléna Fourès,
Les risques, à court terme, sont, d’abord, de m’ordre de l’image : celle de votre département, mais aussi la vôtre en tant que patron. Le département risque d’être perçu comme insuffisamment créatif, fermé, éventuellement trop «clanique » ; vous, de votre côté, risquez d’apparaître comme un patron qui manque d’ouverture, un brin ringard et misogyne.
Cette image de votre département impacte nécessairement sur celle de l’entreprise dans sa globalité et risque, par conséquent, de réduire son attractivité. Les jeunes se réfèrent à la mixité comme à un facteur clef de choix, selon diverses études sur la génération Y.
D’autres risques, tels que ceux d’angles morts, prennent la forme de biais décisionnels, tels que des biais de recrutement – lorsqu’on embauche inconsciemment par « confort » les mêmes profils que soi-même.
La situation de non-mixité se caractérise aussi par des risques d’homéostasie (la tendance du système à préserver son équilibre)- qui se manifeste par un enfermement sur soi, un repli, un manque d’ouverture sur l’extérieur, une forme de stagnation. La langue de bois, le « politiquement correct », les pratiques de « jeux d’influence » en constituent les signes les plus visibles.
Des risques de dégradation pèsent aussi sur l’ambiance de travail, et le fonctionnement de l’équipe. Des conflits et des rivalités, amplifiés par l’excès d’hormones mâles peuvent s’exprimer par des comportements agressifs stériles de type « combats de coqs ». Quand les comportements et attitudes de type « bac à sable » apparaissent, les talents fuient et on constate de vraies hémorragies de cadres dans certains départements.
Risques identitaires
Le crescendo se poursuit. Comme il devient moins motivant de travailler dans un tel département, et que certains ne s’y reconnaissent plus, il devient de plus en plus difficile de retenir les meilleurs talents tout comme d’y attirer des nouveaux talents confirmés.
Enfin, à moyen et long terme, se pose la question d’importants risques identitaires & culturels. Suite à l’uniformité et à la non mixité, la culture devient « auto-immune », il se produit un court circuit culturel. Cela met en risque la survie même de l’entreprise.
Alors, avant que ce ne soit trop tard, recrutez des femmes !