07 janvier 2013 – Les Echos. Page 34.
LA CHRONIQUE de Éléna Fourès,
Votre question laisse entendre que vous êtes déjà un manager accompli et que vous visez l’étape suivante : celle du leadership.
Tout d’abord, bravo pour votre ambition – premier « actif » du leader – et félicitations car, en décidant de modifier votre image auprès de ceux qui vous voient encore comme un simple manager, vous avez d’ores et déjà agi en leader. Etre un leader, c’est en effet donner la vision, porter le sens, décider, écouter, commander, motiver ; bref, donner envie de vous suivre.
La trajectoire ascendante d’un leader est comparable à celle d’une fusée dont les 3 étages portent sur des hauteurs orbitales différentes :
– le premier étage correspond au passage du « simple spécialiste » ou expert métier au manager. L’expert « délivre » bien, se fait confier une petite équipe puis, devient manager. Une position qui le projette alors sur l’orbite à 10.000 mètres d’altitude. Une hauteur qui l’autorise à faire faire les choses au lieu de les faire lui-même ;
-le deuxième étage de la fusée – qui propulse à 20.000 mètres d’altitude – correspond à l’état de « manager accompli ». Un professionnel à qui il revient de faire grossir son périmètre d’action et d’élargir son équipe ainsi que ses responsabilités ;
-enfin, le 3ème étage symbolise le passage du « manager accompli » au leader. C’est votre objectif du moment. Lorsque vous l’aurez atteint, vous vous retrouverez à 30.000 mètres d’altitude. Une hauteur qui, paradoxalement, vous pousse à convaincre plutôt qu’à expliquer. Un leader, pour être suivi, a en effet surtout besoin d’être cru, et pas seulement d’être compris. La compréhension des objectifs n’a jamais garanti l’adhésion. Sa plus grande force, c’est sa capacité à fédérer des gens dont les intérêts diffèrent, et à les «brancher » sur un objectif commun. Le leader produit une double adhésion : on le croit et on croit en lui. Pensez à Martin Luther King qui a su utiliser le registre émotionnel, faire rêver, inspirer et donner de l’énergie. Le leader, porteur de sens, est en « vibration haute » sans être survolté. Il est visionnaire sans être illuminé. Quel que soit son « calibre », du patron de PME au président d’un groupe du CAC 40, il croit en sa mission. A 30.000 mètres d’altitude.