Faut-il flatter pour réussir ?

Articles & Interviews, Presse

30 mars 2015 – Supplément Business des Echos. Page 9

LA CHRONIQUE de Éléna Fourès,

Les conseils d’Éléna Fourès, expert en leadership et multiculturalité, du cabinet IDEM PER IDEM.

Si vous pensez que flatter vos supérieurs vous aidera à obtenir leurs faveurs et à réussir votre carrière, vous vous y prenez résolument mal. La flatterie « de base » est une forme grossière de manipulation. Excessifs, vos compliments sonnent faux, parce qu’ils sont intéressés. Si, en plus, vous fayotez – autrement dit, faites du zèle – pour être bien vu(e), cela signifie que vous cherchez à « amadouer » un pouvoir qui vous fait peur. Cette posture de servilité ne vous fera récolter que rejet et mépris général, assorti d’une image de« petit(e)». Pour être authentiques et sonner vrais, les compliments doivent être désintéressés.
Les flatteurs d’aujourd’hui ont abandonné les pratiques « primaires » et atteignent un haut degré de sophistication. Ils possèdent l’art d’exprimer une critique d’une façon telle, qu’elle en devient un compliment. Ils savent aussi donner le sentiment de contredire leur supérieur, alors qu’en vérité ils mettent en valeur ses arguments pour le faire gagner. Ces flatteurs sont des manipulateurs artistes, des athlètes de la flatterie au « deuxième degré ».
On le sait, « tout flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute”. Depuis La Fontaine, en 1668, qu’elle soit primaire ou raffinée, la flatterie reste un piège. Quand bien même apparaît-elle payante à court terme, elle revient toujours cher au flatteur.

A FAIRE A NE PAS FAIRE
01/ Exprimez d’authentiques compliments
Certains évitent le piège de la flatterie en rejetant d’emblée des compliments qu’ils jugent douteux. Restez sincère, car renoncer à complimenter est une erreur tactique.

02 /Distinguer subordination et soumission
« Mettre en ordre », n’est pas « abaisser ». L’attitude de soumission – celle du fayot – est à proscrire. Elle risque de compromettre votre carrière et est incompatible avec le leadership.

03/ Cultiver le respect de soi
Fayoter ou flatter revient à dévaluer son capital de respect de soi. Plus vous cultiverez ce dernier, plus il vous empêchera de vous abaisser à de telles pratiques.

01/ Adopter une posture de « courtisan » ou « lèche bottes »
Cette attitude décrédibilise vos supérieurs et les fait apparaître comme les « metteurs en scène » d’une comédie humaine.

02/ Croire que vous pouvez duper les autres
Grave erreur d’appréciation! L’intolérance collective à toute forme de manipulation a décuplé du fait de sa diabolisation par les médias.

03/ Se persuader que le vil flatteur gagne à la fin
Si le renard parvient à duper le corbeau, ce n’est peut-être que la fin de l’acte I. Un fusil accroché au mur dans l’acte I, selon le procédé littéraire de Tchekhov, devra tirer dans l’acte III.

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